Nervous Brickdown (DS)

Publié le par Le Hulk

Arkedo, 2007
1 - 2 joueurs en simultané.











        A l'heure où la DS se pare de nombreuses compilations d'anciens grands titres du jeu vidéo ayant rencontré plus ou moins de succès, on est en droit d'être sceptique quant à la remise au goût du jour du genre casse-briques, sur la console portable de Nintendo. En l'occurence, c'est un petit groupuscule de développeurs parisiens nommé Arkedo qui s'y colle ; alors, nos chers compatriotes ont-ils su imposer une vision véritablement nouvelle et engendrer une oeuvre de qualité, ou se sont-ils plantés en beauté ? Nous allons voir ça tout de suite.


        Dès le lancement du jeu, un menu coloré et lumineux, enjolivé par des sonorités joyeuses et festives, m'invite à sélectionner le mode "Arcade" à la pointe de mon stylet. Il s'agit du mode principal : il se compose de neuf mondes constitués de neuf niveaux conclus par un effroyable boss ; autrement dit, neuf environnements distincts, obéissant à des lois qui leur sont propres, et matérialisant chacun une vision différente du casse-briques. Le premier monde, intitulé "POW", est le plus classique de tous et reprend la plupart des codes d'Arkanoid (entre autres) : une bille métallique, une raquette se déplaçant sur un rail horizontal en bas de l'écran tactile, des briques cubiques à dégommer, et quelques bonus permettant d'augmenter les dimensions de la bille ou de dresser une barrière de protection temporaire. Bien qu'il propose un net retour aux origines, ce premier monde arbore tout de même quelques soupçons d'originalité, que nos p'tits parisiens n'ont pas pu s'empêcher d'y glisser : un serpentin faisant office de mur ambulant, des bruits amusants, et un fond musical électro-rock répétitif mais entêtant, comme les musiques des jeux à l'ancienne. Le boss, un serpent rougeoyant, rappelle furieusement le premier boss de Arkanoid : Doh it Again sur Super Nintendo. Coïncidence ? Je ne crois pas ! Une fois cette mise en bouche achevée, on débloque successivement les autres mondes du jeu, et on s'émerveille rapidement devant la manière dont chacun revisite l'esprit du casse-briques. On a ainsi droit à un monde "Ghost" à défilement vertical, où il faut assurer en permanence la conservation de la balle et de la raquette (de belles crises de nerfs en perspective !), un monde "Water" où l'objectif principal est de sauver les petits bonshommes à bord de notre sous-marin, un monde "Speed" à l'ambiance hi-tech futuriste, où le rayon laser qui nous sert de bille a tendance à accélérer dangereusement, et bien d'autres. Un capital de cinq vies nous est offert pour venir à bout des dix niveaux de chaque univers, le jeu nous accordant une sauvegarde tous les trois niveaux : un dosage honnête en regard de la difficulté du jeu, malheureusement inégale d'un monde à l'autre.





Le monde "Water". A l'aide de votre sous-marin-raquette et de votre boule noire,
 faites basculer les plateaux pour délivrer les mignons petits êtres monochromes.
 Attention, la balle est plus rapide dans l'air que dans l'eau !






       Vous l'aviez sans doute deviné, mais dans Nervous Brickdown, le stylet et le double écran sont à l'honneur ! Le stylet sert principalement au déplacement de la raquette : que ce soit sur une ligne horizontale ou sur l'écran tactile tout entier, l'ergonomie est au demeurant fort appréciable. D'autres ressources sont exploitées : la croix multi-directionnelle trouve également son utilité dans le monde "Switch" (où elle permet de changer la couleur de la raquette, qui doit impérativement être identique à celle de la bille) et le diabolique monde "Rétro" (où elle fait bondir notre petit personnage 2D). Le souffle dans le micro est parfois utilisable pour influencer la trajectoire de la bille, mais cette option doit au préalable être débloquée ! La maniabilité n'est jamais prise en défaut, ce qui permet d'appréhender sans encombres les univers où la précision est de rigueur : le mode "Curve", qui s'apparente à un terrain de mini-golf, demande du doigté pour passer les multiples bosses et obstacles de chaque niveau. Quant au monde "Paper", il vous permet de dessiner votre propre raquette ! En outre, la forme que vous griffonnerez aura une véritable importance au niveau du contact avec la bille. Les deux écrans de la DS permettent d'étaler convenablement les différents niveaux : ainsi, la lisibilté du jeu demeure excellente malgré l'abondance d'éléments (briques, ennemis, décors, objets quelconques). En revanche, Nervous Brickdown a malheureusement hérité d'un défaut intrinsèque aux casse-briques : dans les niveaux où la raquette se ne se déplace que latéralement, il est toujours difficile de faire rebondir la balle où l'on veut. Par conséquent, le syndrome "il ne reste qu'une seule brique et j'arrive pas à la toucher" subsiste ; c'est un petit peu dommage.





Le monde "Ghost". La tâche est ardue, car vous devez veiller à conserver votre bille,
 tout en évitant d'être coincé par les briques et les murs !
 Le défilement peut de plus être relativement rapide,
 une grande vivacité d'esprit est donc nécessaire.
 Soufflez dans le micro pour faire disparaître les fantômes !






       Il reste un aspect à mentionner : le design général du jeu fait preuve d'une personnalité et d'une originalité peu communes, aussi bien du côté visuel que du côté de la bande son. En effet, chaque changement d'univers s'accompagne immanquablement d'un changement de style. Par exemple, le monde "Paper" bénéficie d'une réalisation "carton-pâte" : l'action se déroule dans un cahier d'écolier, et l'on doit éliminer les atroces taches d'encre en se frayant un chemin parmi moult images et autocollants. L'arrière-plan des niveaux de "Ghost" est une sorte de travelling 3D à l'intérieur d'un manoir terrifiant. Le monde "Shoot" nous rappelle agréablement nos shoot 'em up préférés, quant aux petits bonshommes du monde "Water", ils semblent inspirés des préhistoriques Game & Watch ! Musicalement, de beaux efforts ont également été concédés en ce qui concerne la recherche des bruits et des timbres. Les tintements mystérieux du monde "Water", l'atmosphère résolument techno du boss de "Speed" (qui par ailleurs ressemble à s'y méprendre à Andross de la série Star Fox), la mélodie d'épouvante de "Ghost", les gazouillis enfantins de "Paper", ou encore la musique de "Rétro" qu'on croirait issue de notre tout premier Game Boy, concourent à donner vie et âme à l'ensemble. Chacun des neuf environnements a ainsi bénéficié d'une attention particulière, et aucun ne fait pâle figure devant les autres. Cerise sur le gâteau : le boss final est hilarant et surprenant à souhait, de quoi conclure admirablement une aventure déjà fort sympathique, dépaysante et colorée.


       Parlons enfin des petits extras de Nervous Brickdown : sachez que chaque niveau (boss y compris, à l'exception du boss final) recèle une médaille cachée, que l'on acquiert sous certaines conditions dépendant du monde en cours : par exemple, dans "Water", on remporte une médaille si l'on parvient à sauver tous les bonshommes monochromes sans en perdre un seul. On se rend assez vite compte qu'obtenir la médaille est à peine plus difficile que de terminer le niveau normalement, la plupart du temps. Le système de médailles rehausse peu la durée de vie du soft, mais cette dernière est plutôt convenable en vertu des 135 niveaux proposés. Un autre mode de jeu solo, le mode "Shuffle", vous offre la possibilité de parcourir cinq niveaux d'affilée, choisis au hasard parmi les niveaux que vous avez déjà achevés. Idéal pour les parties rapides, ce mode procure une dimension "casual gaming" bien sentie, mais on regrette qu'il ne soit pas paramétrable. Enfin, un mode de jeu coopératif à deux joueurs est également disponible : une attention intéressante, d'autant plus qu'une seule cartouche est nécessaire pour en profiter.





Le monde "Shoot". La raquette prend cette fois l'apparence d'un vaisseau de shoot 'em up.
 Envoyez votre bille récupérer ces sphères vertes, tout en évitant les tirs ennemis !
 Impossible de s'en sortir sans un minimum de tact et d'anticipation.






Rendu visuel : 7,5/10
       Ce n'est pas un, ni deux, mais bel et bien neuf styles différents qui flatteront vos mirettes ! Des faisceaux laser de "Speed" à l'esprit "livre d'images" de "Paper" en passant par les effets de perspective de "Ghost", Nervous Brickdown se pare d'une réalisation léchée et originale. Jamais un casse-briques ne m'aura semblé aussi sexy et attrayant.

Sons et musiques : 7/10
       Là encore, la musique a pour optique de distiller une ambiance particulière à chaque monde : légèreté, humour et touchante naïveté sont les pierres angulaires de la bande son du soft. Le moins que l'on puisse dire, c'est que chaque mélodie accompagne rudement bien son environnement : là aussi, c'est du joli !

Gameplay : 8/10
       L'ergonomie du soft est excellente : les p'tits gars d'Arkedo ont su parfaitement tirer profit des spécificités de la DS, et nous servir une maniabilité simple et intuitive. On regrette simplement un certain manque de contrôle sur la bille, défaut inhérent aux casse-briques d'antan. Mais peu importe ; que Nervous Brickdown soit aussi bien adapté à son support est déjà une très belle réussite en soi.

Durée de vie : 6,5/10
       Les 135 niveaux se finissent malheureusement un peu vite, et rassembler toutes les médailles ne vous prendra pas un temps fou, bien que cela ne se fasse pas non plus du jour au lendemain. On aurait souhaité que davantage de défis nous retiennent sur les niveaux, comme un système de hi-scores ou de chronométrage. La principale faiblesse du soft est que l'intérêt des stages a tendance à s'amenuiser une fois l'effet de surprise passé.





Le monde "Speed".
Votre balle-laser accélère vertigineusement, alors soyez vif et extrêmement concentré !
 Attention, le rail sur lequel évolue la raquette n'est pas tout à fait horizontal, il faut donc être vigilant.
 L'affaire se corse rapidement, ne vous éternisez donc pas dans les niveaux !






        Nervous Brickdown est, en fin de compte, une sacrée bonne surprise. Les développeurs d'Arkedo ont réussi le tour de force de réhabiliter le genre casse-briques sur la console aux deux écrans de Nintendo : leur jeu se révèle ambitieux, bien pensé, et original sur le plan de la réalisation. Quelques finitions auraient permis de booster la durée de vie, mais ceci n'entrave pas le plaisir de jouer, et de découvrir avec quelle audace nos petits Français ont complètement réinventé les bases du casse-briques. Avec en prime une jeu de mots sympa dans le titre, on a affaire à un très bon jeu, qui a en outre la vertu de flatter notre chauvinisme !

Ma note : 15/20

Publié dans Nintendo DS

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N
Tiens je ne connaissais absolument pas ce jeu, ça m'a l'air excellent, j'adore ce genre !!!!
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L
En effet, c'est un choix très judicieux pour l'été. Nervous Brickdown est aussi parfaitement adapté pour les joueurs dits occasionnels.
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V
LE peu que j'ai testé m'a laissé augurer d'un jeu attrayant et sympathique, idéal pour occuper le temps de vacances.
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